Depuis toujours, j’aime la Chine.
Enfant, j’accompagnais souvent ma mère visiter un des lieux les plus mystérieux qui soient à Paris : le musée Cernuschi. J’y passais des après-midi entières, fascinée, à détailler ces surprenants paysages déroulés, entre réel et imaginaire, ces paysages de « montagne et d’eau », qui me semblaient n'avoir pas de fin, à l'intérieur desquels je me perdais...
...Lorsque je déroulai pour la première fois l’un de ces rouleaux de papier à cigarettes que tous les fumeurs de joints connaissent, je ne fis pas immédiatement le lien avec mes souvenirs d’enfance, mais je pris aussitôt la plume et, comme en rêve, je commençai à dessiner, pour ne m’arrêter que six mètres plus tard, à la fin du rouleau… Ensuite seulement s’imposa la couleur, le crayon Caran d’Ache.
Après avoir dévalisé en papier le tabac du coin, je me lançai dans un travail d’écriture-peinture, qui devait durer près d’une année, stoppé net faute de matériel : sur toute la longueur des rouleaux - nouvelle édition - s’étalait à présent la marque du fabricant, rendant le dessin impossible.
Disparues la beauté de la texture, la finesse du filigrane vergé, la transparence laiteuse, soyeuse du papier. Mais peut-êtreaussi étais-je arrivée « au bout du rouleau ».
Micaëla Henich